La conférence Afroeuropeans/Afroeuroéen.nes Bruxelles (22-24 septembre 2022) sera  organisée selon les volets suivants.

 

Responsables: Sophie Withaeckx (Maastricht University) and Emma-Lee Amponsah (Université de Gand)

Il est largement admis que l’intersectionnalité est un cadre théorétique indispensable pour comprendre et analyser la formation des inégalités sociales, et la manière dont celles-ci s’influencent et se renforcent. L’avènement du terme « intersectionnalité » par Crenshaw (1989) fait suite à une solide tradition  de travail académique mené par des femmes noires ayant depuis longtemps mis en évidence l’impact de multiples systèmes de discriminations dans la vie des femmes noires, et montré que « race », class, genre et sexualité sont, de manière équivalente, importants  dans la vie des femmes noires, et des catégories indivisibles. Fondée sur les expériences vécues et les connaissances des femmes foires, l’intersectionnalité a été un tournant dans la reconnaissance de la positionnalité spécifique des femmes noires, et a contribué à dénoncer la manière dont ces expériences ont été invisibilisées dans les cadres théoriques, féministes et politiques, dominants. Toutefois, l’immense popularité de l’intersectionnalité, son « déplacement » vers une variété de contextes et de mouvements sociaux, ainsi que les tendances à l’« universalisation » de l’intersectionnalité, afin de l’appliquer à une multitude de groupes sociaux, ont suscité beaucoup d’inquiétudes chez les académiques qui critiquent le détachement de l’intersectionnalité de sa fondation dans la pensée féministe noire, « l’effacement des femmes noires comme sujets quintessentiels de l’intersectionnalité » (Alexander-Floyd, 2012; Hancock, 2016) et le « blanchissement » de l’intersectionnalité (Bilge, 2013).

Par ailleurs, tant dans la recherche que dans l’activisme, l’intersectionnalité peut faire l’objet de processus de cooptation, dans la mesure où les exigences ‘top-down’  d’intégrer un cadre intersectionnel dans la recherche et des actions données, peuvent être davantage vécues comme un fardeau pour des activistes que comme un instrument utile ou une stratégie émancipatrice. Cela étant, l’intersectionnalité demeure particulièrement pertinente et d’actualité face aux défis actuels  au sein des communautés afro-européennes et à la nécessité de reconnaître, comprendre et discuter les différenciations internes et les inégalités de pouvoir basées sur le genre, la religion, la sexualité, l’âge, le statut de citoyenneté… 

Ce réseau thématique interroge le passé, le présent et le futur de l’intersectionnalité et fait appel à des contributions susceptibles de questionner de façon critique les limites, les opportunités, les utilisations et les abus de l’intersectionnalité. Il s’agit d’examiner si, et dans quelle mesure, l’intersectionnalité peut être appliquée à une diversité d’expériences de marginalisation, et ce que cela signifie pour les mouvement militants et en termes de solidarité. Il s’agit aussi d’explorer comment la reconnexion de l’intersectionnalité avec son héritage féministe noir peut amener les communautés afro-européennes à s’engager dans des défis important, comme la crise écologique, les différences internes basées sur le genre et la sexualité, ou la réapparition des mouvements d’extrême-droite et racistes.

Nous sommes intéressées par des contributions qui traitent d’une ou de plusieurs des questions suivantes : 

L’intersectionnalité comme instrument théorique et analytique :

  • L’intersectionnalité et l’accessibilité : L’intersectionnalité est-elle devenue trop académique et élitiste ? Est-ce que la théorie intersectionnelle est toujours utile et accessible pour ceux/celles qui étaient censé.es en bénéficier initialement – les groupes marginalisés sur base de leur ‘race’, genre, classe, sexualité ?
  • Les masculinités noires dans le paradigme intersectionnel contemporain : Quels sont les défis ou limites de l’intersectionnalité eu égard à la violence de genre envers le corps masculin noir ?
  • Les intersections de la blackness: Comment les injustices autres-que-humains font sens/interagissent avec les imaginaires relatifs à l’existence, l’oppression et la libération humaine noire?
  • Le blanchiment de l’intersectionnalité : Comment le divorce de l’intersectionnalité avec la théorie critique de la race et le militantisme féministe noir est-il advenu ? Comment appréhender les revendications de réappropriation ou d’abandon de l’intersectionnalité ?

L’intersectionnalité comme instrument pour l’action sociale et la solidarité :

  • L’intersectionnalité et l’action sociale : Comment dans la pratique, appliquer l’intersectionnalité ? Comment mobiliser l’intersectionnalité pour aborder les inégalités au sein des communautés noires ? Comment dénoncer les biais, les préjugés et l’oppression au sein des communautés noires ? (cf. « calling in & calling out »)
  • Les mouvement globaux et la blackness: Comment l’intersectionnalité peut-elle être utile pour relever les défis auxquels le monde dans son ensemble est confronté et qui exposent les communautés noires, en particulier à des vulnérabilités supplémentaires ? (Par exemple, le changement climatique, l'(in)justice alimentaire, la libération des animaux non-humains, le néoliberalisme et le  « managérialisme » dans les institutions et le secteur social, ; la continuation et la transformation du racisme et la réapparition des mouvements d’extrême-droite…)
  • La solidarité intersectionnelle : Comment l’intersectionnalité peut-elle forger des solidarités entre différents groupes de peuples marginalisés ?

Références

Alexander-Floyd, N. G. (2012). Disappearing acts: Reclaiming intersectionality in the social sciences in a post-black feminist era. Feminist Formations, 24(1), 1–25.

Bilge, S. (2013). Intersectionality undone: Saving Intersectionality from Feminist Intersectionality Studies. Du Bois Review: Social Science Research on Race, 10(2), 405–424. 

Crenshaw, K. (1989). Demarginalizing the intersection of race and sex: A black feminist critique of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics. University of Chicago Legal Forum, 139–167.

Hancock, A.-M. (2016). Intersectionality. An intellectual history. Oxford: Oxford University Press.

 

Responsables: Ojeaku Nwabuzo (European Network Against Racism/Vrije Universiteit Brussels) et Sibo Kanobana (Université de Gand)

Le racisme structurel renvoie à un système dans lequel les politiques publiques, les forces économiques, les pratiques institutionnelles, les représentations culturelles et d’autres normes, fonctionnent de manière diverse et souvent en renforçant les moyens de perpétuation des inégalités raciales. 

Le racisme structurel se manifeste dans tous les domaines de la vie sociale et économique des Noir.es en Europe et est ancré dans l’histoire de la modernité, de l’impérialisme, du colonialisme et du capitalisme européen. Bien que de manière différenciée, et complexe, en fonction des temps et des lieux, ces dimensions de l’histoire et de la culture en Europe, ont maintenu les privilèges associés à la « blancheur » et les désavantages associés à la « couleur ». Les Noir.es d’Europe sont, en effet, plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, d’être emprisonné.es, d’abandonner leurs études, d’être au chômage ou de connaître des problèmes de santé tels que le diabète, les maladies cardiaques, la dépression et d’autres maladies potentiellement mortelles. Dans ce contexte, que signifie, le démantèlement du racisme structurel ? 

Les recherches disponibles se concentrent le plus souvent sur l’inégalité sociale entre les personnes classées comme « migrant.es », « musulman.nes », « non ressortissant.es de l’UE », non locuteurs.trices natifs, etc. Cette catégorisation assimile les inégalités sociales à une question de migration ou de culture. Par conséquent, la dynamique de l’invisibilité intersectionnelle se traduit souvent dans les recherches, par une absence, ou la négligence, de la « race », également de la position et des expériences spécifiques des personnes d’origine subsaharienne. Ce réseau thématique a pour objectif l’analyse des pratiques structurelles et institutionnelles qui font prévaloir le privilège blanc. Nous appelons à des propositions traitant des processus de racialisation et d’exploitation des personnes noires en Europe. 

Les propositions de panel peuvent porter sur les thèmes suivants:

– Le racisme structurel : Analyses de la discrimination prenant en compte les aspects historiques, culturels, sociaux et psychologiques de la société et de sa racialisation.

– L’économie politique de la race : Comment la racialisation s’inscrit-elle dans les logiques de la démocratie capitaliste (néo-)libérale ?

– Le racisme institutionnel : Comment les politiques et les pratiques intra et inter-institutionnelles produisent-elles, intentionnellement ou non, des effets qui désavantagent chroniquement les Noir.es en Europe ?

– Analyse intersectionnelle de l’inégalité raciale : Comment les processus sociaux de classe, de genre, de sexualité, de langue, de culture et autres renforcent-ils et/ou remettent-ils en cause les structures racialisées existantes de la société européenne ?

– Le privilège des Blanc.hes : Comment le concept de privilège blanc peut-il contribuer à une meilleure compréhension des désavantages historiques et contemporains des personnes noires en matière d’accès à une éducation de qualité, à des emplois décents et à des salaires décents, à l’accession à la propriété, aux prestations de retraite, à la richesse, etc. ?

– Les politiques de diversité : Comment les politiques de diversité traitent-elles ou évitent-elles de prendre en compte les disparités frappantes entre les races, en matière de bien-être et d’opportunités, et quels effets cela produit-il ?  

 

Responsables: Ilke Adam (Vrije Universiteit Brussel), Folashade Ajayi (Vrije Universiteit Brussel) et Jean Beaman (University of California, Santa Barbara)

Ce réseau thématique appelle à des communications portant de manière spécifique sur la mobilisation, la politique et la lutte militante contre le racisme et les discriminations structurelles envers les Afro-Européen.nes. Dans le contexte actuel d’oppression et de répression des communautés afro-européennes, nous mettons l’accent à la fois sur la mobilisation et le militantisme afrodescendant, ainsi que sur la participation à la politique électorale officielle et à l’élaboration des politiques. Ce réseau thématique intègre ces questions dans un cadre intersectionnel et féministe noir /afroféministe. 

Nous invitons à soumettre des propositions de panel portant sur les thèmes suivants :

– Comment la politique gouvernementale, en particulier les politiques d’égalité raciale et d’intégration, réagit-elle et affecte-t-elle les communautés Afro-Européen.nes et vice versa ?

– Comment le racisme informel et institutionnel à l’endroit des communautés et des individus afro-européens en Europe est-il abordé ?

– Comment les Afro-européen.nes peuvent-ils intervenir dans l’arène publique et politique et être politiquement représenté.es, en tenant compte des complexités relatives aux processus de différenciation au sein de ces mêmes communautés ?

– Quelles sont les principales préoccupations et formes de militantisme afro-européen et quel est leur impact sur les sociétés européennes contemporaines ? 

– Quelles sont les pratiques efficaces et inefficaces pour lutter contre la discrimination structurelle et le racisme ? Quels sont les défis que pose le militantisme antiraciste ? Quelles sont les limites de la mobilisation dans les différents contextes sociétaux ?

– Peut-on catégoriser l’activisme antiraciste par vagues « périodisées »?

 

Responsables: Elisabeth Bekers (Vrije Universiteit Brussel), Janine Hauthal (Vrije Universiteit Brussel) et Wetsi Mpoma (Wetsi Art Gallery)

L’esthétique et la politique s’entremêlent de manière très puissante dans les arts afro-européens. Ce réseau thématique invite à réfléchir à la question du pouvoir culturel et politique qui est associé aux pratiques artistiques afro-européennes et à d’autres formes d’expression (personnelle) créative, résidant aussi bien dans l’exploration des préoccupations urgentes que dans un impact esthétique. On cherchera à examiner comment les artistes afro-européen.nes expriment les profondeurs existentielles et les dimensions sensibles de la lutte antiraciste et comment ils s’engagent dans l’abolition des différentes formes de colonialité, de colonisation du savoir, de l’être et du pouvoir de la colonisation de l’esthétique elle-même. En accord avec le thème de la conférence, ce courant s’intéressera à la pluralité des moyens créatifs par lesquels les artistes abordent les intersections complexes qui affectent les histoires, les expériences et les identités des Afro-Européen.nes. 

Étant donné la portée interdisciplinaire de ce réseau thématique, les participant.es pourront aborder le sujet d’un point de vue disciplinaire et inter/trans/post-disciplinaire, mais sans s’y limiter, dans des domaines aussi variés que le théâtre, la performance, le cinéma, les médias (numériques), les études littéraires, l’histoire de l’art et les études culturelles. De même, on pourra considérer les pratiques artistiques afro-européennes à partir d’un large éventail de géographies et de temporalités et explorer des voies de production, de réception et de circulation aussi bien locales que nationales, internationales et transnationales. Les panels peuvent être constitués à partir de supports académiques classiques, mais nous encourageons également d’autres formats performatifs, tels que des lectures ou des présentations de travaux en cours, de pratiques de recherche, d’interventions artistiques, etc. 

Dans le cadre de ce réseau thématique sur la politique et l’esthétique des arts afro-européens, nous appelons à des propositions de panels qui pourraient aborder, à titre d’exemple, les questions suivantes :

  • Comment les artistes et les pratiques artistiques afro-européens reflètent-ils.elles les intersections complexes qui affectent les histoires, les expériences et les identités des Afro-Européen.nes ? Quels choix esthétiques font-ils.elles ? 
  • Comment les artistes/les pratiques artistiques afro-européennes transforment-ils.elles les modes dominants de connaissance, d’être, de pouvoir et d’esthétique ? (Comment) la critique artistique afro-européenne contribue-t-elle à ces transformations ?
  • Comment les artistes/les pratiques artistiques afro-européennes s’engagent-ils.elles dans des luttes croisées pour démanteler l’omniprésence du pouvoir colonial qui continue d’imprégner les imaginaires hégémoniques ?
  • Quelles sont les spécificités des modes oraux, écrits, visuels et plastiques de la création artistique afro-européenne ? Quelles sont les innovations esthétiques produites ? Quels sont les types de publics et de spectateurs forgés ou mobilisés dans les pratiques artistiques afro-européennes ? 
  • Quelles sont les spécificités des réponses artistiques par rapport aux autres formes de militantisme politique ?
  • Quel rôle jouent la langue, le multilinguisme et la traduction dans la production, la réception et la circulation des pratiques artistiques afro-européennes ?
  • Quelles sont les stratégies et tactiques (fugitives) possibles dans les arts et la critique d’art afro-européens pour contrer le racisme institutionnel et la blancheur du canon, des institutions artistiques et du marché de l’art ? 
  • Comment les artistes afro-européen.nes (ré)imaginent-ils.elles l’Europe? Comment (ré)imaginent-ils.elles l’Afrique? Comment (ré)imaginent-ils.elles la relation entre l’Afrique et l’Europe ? Comment les artistes/les pratiques artistiques afro-européens négocient-ils.elles la division historique entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne ?
  • Comment les artistes/pratiques artistiques afro-européens créent-ils.elles des espaces dans lesquels les contre-mémoires (par exemple des luttes anticoloniales de l’Afrique ou les luttes antiracistes de l’Europe) et comment la réémergence des utopies panafricaines et panarabes produit-elle une nouvelle forme d’action collective ?
 

Responsables: Sarah Demart (University Libre de Bruxelles), Charlotte Pezeril (University Libre de Bruxelles) & Christian Dongmo (University Libre de Bruxelles)

Par comparaison avec l’Amérique du Nord, les inégalités raciales en matière de santé et de soin sont, en Europe, peu documentées (Paradies, 2006 ; EU-MIDIS II, 2018). Non seulement la race en tant que catégorie statistique n’est pas autorisée dans la plupart des pays européens, mais la confusion structurelle entre « migrant.es africain.es » et « Européen.nes noir.es » tend à naturaliser et à homogénéiser des situations très diverses (Fassin, 2000 ; Sauvegrain, 2012 ; Carde et al, 2012). En conséquence, l’accès réduit à la santé et au bien-être est souvent formulé en termes de « différence culturelle », de déficit d’ « intégration », de mauvaise compréhension ethnolinguistique voire de « comportement déviant », etc. Si l’approche par les déterminants sociaux permet de rompre avec l’approche culturaliste, et de prendre en compte le contexte social dont procèdent les inégalités raciales en matière de santé, elle est toutefois insuffisante dans une optique de réduction des inégalités. Une limite qui conduit de plus en plus de chercheurs en santé publique à mobiliser le paradigme de l’intersectionnalité dans le domaine des recherches sur la santé. Cependant, un fossé demeure entre l’approche théorique de l’intersectionnalité et sa mise en pratique visant à rendre compte d’expérience individuelle et de l’imbrication des identités sociales, en même temps que de systèmes de privilège et d’oppression (capitalisme, racisme, patriarcat, hétéosexisme, validisme) (Viruell-Fuentes et al., 2012, Hankivsky and Christoffersen, 2008, Bowleg, 2012).  

Si ce fossé est en partie redevable de la sectorisation des déterminants sociaux de la santé et du manque de données statistiques, c’est aussi la complexité multidimensionnelle de la recherche sur la santé, qui en jeu et qui pose, de manière transdisciplinaire, la question des conditions de possibilité de cadre alternatifs de recherche.

Ce réseau thématique, abordera la santé des Afro-Européen.nes et des inégalités sociales et raciales en lien avec la recherche médicale, les parcours de santé/soins, les mobilisations sociales et politiques ou encore l’investissement des Afro-Européen.nes comme acteurs.rices de santé. 

On s’intéressera tout particulièrement aux thèmes suivants :

  • Méthodologies quantitatives et qualitatives, santé, intersectionnalité.
  • Santé, décolonisation, globalisation.
  • Santé et militantisme.
  • Santé, capitalisme racial, capitalisme patriarcal.

A titre d’exemple, les propositions de panels peuvent aborder les questions suivantes :

– Comment la confusion entre race-nationalité-migration affecte-t-elle les interactions /pratiques liées à la santé avec les Afro-Européen.nes, en matière de recherche médicale, de pratiques de soin et de routines institutionnelles ? 

 -Quelles données quantitatives peuvent être mobilisées ou constituées pour documenter les inégalités raciales dans l’accès à la santé et aux soins et favoriser des politiques de santé plus inclusives et orientées vers la justices sociale? 

– Quels sont les effets des politiques de migration et du racisme sur la santé (physique, mentale, sexuelle, reproductive) des personnes et l’accès aux soins des Afro-Européen.nes ? 

– Comment les Afro-Européen.nes peuvent-ils revendiquer un accès meilleur et plus approprié à la santé dans des domaines spécifiques (VIH/sida, gynécologie obstétrique, Covid-19, etc.) ? 

– Comment la santé est-elle intégrée dans les mouvements militants antiracistes et décoloniaux ?

– Quelles conceptions de la santé sont développées au sein des communautés afroeuropéennes ?

– Comment les perspectives décoloniales et intersectionnelles s’articulent-elles au niveau de la recherche, de la politique et du militantisme en ce qui concerne la santé ?

– Comment le nombre croissant de soignant.es afro-européen.nes dans le système de santé s’articule-t-il avec les politiques d’austérité ? 

– Comment les Afro-Européen.nes investissement le domaine de la santé en tant qu’acteurs.rices de santé ?

– Comment les processus sociaux de classe, de genre, de sexualité, de langue, de culture affectent-ils la santé de certains groupes au sein des communautés afro-européennes, et comment la prise en compte de ces enjeux spécifiques de santé peut permettre d’agir sur les inégalités de santé de manière plus général ?

Références 

Bowleg, L. (2012). The problem with the phrase women and minorities: intersectionality—an important theoretical framework for public health. American journal of public health, 102(7), 1267-1273.

Brondolo, E., Gallo, L. C., & Myers, H. F. (2009). Race, racism and health: disparities, mechanisms, and interventions. Journal of behavioral medicine, 32(1), 1.

Carde, E., Fassin, D., Ferré, N., & Musso-Dimitrijevic, S. (2002). Un traitement inégal: les discriminations dans l’accès aux soins. Migrations et etudes, 106, 1-11.

EU-MIDIS II, https://fra.europa.eu/fr/publication/2018/eu-midis-ii-deuxieme-enquete-de-lunion-europeenne-sur-les-minorites-et-la

Fassin, D. (2000). Entre politiques du vivant et politiques de la vie: pour une anthropologie de la santé. Anthropologie et sociétés, 24(1), 95-116.

Hankivsky, O., & Christoffersen, A. (2008). Intersectionality and the determinants of health: a Canadian perspective. Critical Public Health, 18(3), 271-283.

Paradies, Y. (2006). A systematic review of empirical research on self-reported racism and health. International Journal of Epidemiology, 35(4), 888-901; Sue, D. W. (2010). Microaggressions in Everyday Life: Race, Gender, and Sexual Orientation. John Wiley & Sons; 

Sauvegrain, P. (2012). La santé maternelle des «Africaines» en Île-de-France: racisation des patientes et trajectoires de soins. Revue européenne des migrations internationales, 28(2), 81-100.

Viruell-Fuentes, E. A., Miranda, P. Y., & Abdulrahim, S. (2012). More than culture: structural racism, intersectionality theory, and immigrant health. Social science & medicine, 75(12), 2099-2106.

 
Responsables : Sophie Withaeckx (Maastricht University) and Sarah Demart (University Libre de Bruxelles)
La « décolonisation » est récemment devenue un mot à la mode et un appel à l’action dans divers domaines de la société et a suscité des réflexions dans le secteur culturel, le domaine du travail social, les musées, les médias ou l’espace public. Dans ces débats sur la décolonisation, les espaces éducatifs et culturels sont devenus particulièrement problématiques, en tant que sites de reproduction et de normalisation des conceptions racialisées, sexuées et classées du Soi, de l’Autre, de ce qui compte comme connaissance légitime et objective ou de qui peut être sujet ou objet de connaissance.

Le « débat sur la décolonisation » a déjà largement contribué à attirer l’attention du grand public, des politiques et des universitaires en ce qui concerne l’héritage du colonialisme et de l’impérialisme dans les sociétés européennes. Il a donné lieu à des réflexions et des actions visant à transformer les espaces publics ; par exemple en retirant les statues ou les plaques honorant les oppresseurs coloniaux ou bien en élargissant les programmes d’études eurocentrés afin d’y inclure des voix non-occidentales et non-blanches. Cependant, du chemin reste à parcourir, en termes d’inclusion effective des groupes historiquement marginalisés dans les structures de pouvoir de ces institutions. La popularité croissante des discours sur la « décolonisation » peut, à l’instar des discours de la « diversité », avoir un effet « non-performatif » (Ahmed, 2012) lorsque la simple présence de politiques et de comités brandissant ces mots sert à labéliser des institutions comme étant déjà décolonisées, alors même que le racisme, le sexisme et la sous-représentation réelle des minorités dans ces institutions est de l’ordre du non-dit et de l’implicite. 

Il en va de même en ce qui concerne la pratique de la recherche. L’”extractivisme épistémique” (Smith, 2005 ; Cusicanqui, 2012; Tilley, 2017) qui caractérise de manière relativement transversale les sciences et le monde universitaire, pose tout une série de questions en ce qui concerne les possibilités et les limites d’un appel à décoloniser l’université, du point de vue de la fabrique de la recherche, à savoir les pratiques de terrain, les méthodes dites participatives, les modes de restitutions des savoirs militants et le cadre dans lequel les dialogues entre académiques et militants se développent. 

Dans ce volet « Décoloniser les connaissances, les espaces et les institutions : De l’activisme au changement transformateur », nous appelons à des contributions s’inspirant des idées et des possibilités offertes par le militantisme, la recherche et la théorisation postcoloniales et décoloniales.

– Quelles sont les théories, mouvements et pratiques actuellement développés dans les communautés afro-européennes en vue de remettre en question les formes dominantes et exclusives de production de connaissances ? Quels types d’épistémologies critiques et de formes alternatives de production de la connaissance sont utilisés et développés ?

– Comment les modes de représentation et d’éducation dominants sont-ils remis en question dans des institutions telles que les musées et les universités, et transformés sous l’effet du militantisme des mouvements sociaux décoloniaux ? 

– Quelle a été l’efficacité des débats sur la décolonisation du patrimoine culturel, des lieux de mémoire et des espaces publics jusqu’à présent ? Quelles mesures ont été prises en termes de restitution d’objets culturels, spirituels et religieux, qui ont été acquis illégalement durant la domination impériale et coloniale afin d’être exposés dans des musées occidentaux ? 

– Quels liens peut-on établir entre les mouvements militants en Europe et d’autres endroits où les mouvements antiracistes et décoloniaux se sont développés (par exemple, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, aux États-Unis…) ?

– Comment identifier et démystifier les dynamiques de non-performances et de cooptation ? 

– Quelles tactiques et stratégies de changement transformateur peuvent être développées par ceux qui travaillent au sein d’institutions et qui restent, malgré des engagements apparents, essentiellement réfractaires aux revendications de diversité et de décolonisation ? 

– Comment les militants perçoivent-ils le monde universitaire et les expertises académiques?

– Comment éviter l’extractivisme épistémique, et quelles sont les questions spécifiques qui se posent au sein dans les différents espaces disciplinaires, et selon les différentes pratiques de recherche ?

Références :

Ahmed, S. (2012). On being included. Duke University Press.

Cusicanqui, S. R. (2012). Ch’ixinakax utxiwa: A Reflection on the Practices and Discourses of Decolonization. South Atlantic Quarterly, 111(1), 95-109.

Smith, T. L. (2005). Decolonial Methodologies: Research and Indigenous Peoples.

Tilley, L. (2017). Resisting piratic method by doing research otherwise. Sociology, 51(1), 27-42.

 

Responsables du réseau thématique: Karel Arnaut (KU Leuven) and Lena Imeraj (Vrije Universiteit Brussel)

Après des siècles de présence africaine en Europe, les villes de toute l’Europe sont depuis la seconde moitié du XXe siècle, devenue des destinations pour de nombreux individus et familles qui quittent le continent africain. Bien que souvent méconnus, les citadin.es afro-européen.nes sont désormais une force majeure de transformation sociale et culturelle, de connectivité géoéconomique et d’activisme géopolitique. Ce réseau thématique cherche à identifier, analyser et évaluer la portée et la profondeur des engagements, des luttes et des co-réalisations afro-européennes dans les centres-villes et les banlieues, les métropoles, les petites villes et les villes rurales d’Europe. Sous un angle différent, ce réseau thématique s’intéresse aux espaces de migration urbaine et à la présence et l'(in)visibilité de la condition/l’identité noire contemporaine ainsi qu’aux histoires des Noir.es dans les villes européennes.

Nous invitons les contributions réfléchissant aux diverses réalités urbaines et dimensions spatiales des Afro-Européen.nes en Europe et encourageons plus spécifiquement les formats innovants, plus « poétiques » – c’est-à-dire orientés vers la réalisation – plutôt que les formats conventionnels, tels que les tables rondes avec des invités, les promenades en ville à travers Bruxelles ou les laboratoires (c’est-à-dire les sites qui produisent et présentent des œuvres ethnographiques au-delà des conventions basées sur le texte ; par exemple, les documentaires/films, l’art urbain de rue (performance), la poésie slam).

Ce volet invite à soumettre des propositions de panels, des articles et des interventions sur les thèmes, perspectives et questions suivants :

– Perspectives historiques

  • Reconstitutions historique-géographique des processus d’arrivée et d’installation des Africain.es dans les villes de toute l’Europe : histoire ancienne (avant le XXe siècle) pendant et après la colonisation.
  • Infrastructures de la diaspora africaine dans les villes européennes (secondaires) : stratification et construction historiques, fonctionnement et transformation de la ville.
  • Développements/transformations récents des communautés urbaines afro-européennes et création de communautés : dynamique raciale et formations sociales/culturelles des Noir.es.

– Perspectives contemporaines

  • Les Afro-Européen.nes en tant que city-makers : convivialité et inégalité dans les socialités émergentes et la “poésie” urbaine.
  • Les politiques urbaines et les Afro-Européen.nes : planification, sécurisation, marketing urbain des quartiers ethniques ou stigmatisation territoriale/spatiale.
  • Logement et formations résidentielles depuis les années 1960 : enclavement, ségrégation et dispersion (ex. Mbodj-Pouye 2016).
  • Afro-Européen.nes et autres minorités racialisées : subjectivation et changements de position dans les processus d’embourgeoisement et/ou de migration continue (Erel 2011).

– Urbanité translocale/transnationale

  • Contacts et échanges transnationaux par le biais de voyages et de l’internet : activisme, activités religieuses, « monde mobile » (Beeckmans 2019).
  • Transferts de fonds de toutes sortes : financiers, de compétences, infrastructurels.
  • Communautés diasporiques dans la ville.

– Patrimoine

  • Afroeuropéen.nes et héritage colonial urbain : contestation décoloniale, sensibilisation, etc.
  • Histoires de diasporas basées sur le lieu, chronotopes afroeuropéens dans les processus de transformation urbaine.

– Questions méthodologiques/conceptuelles de l’ « afro-européanité » basée sur la ville

  • La dé-diasporisation (Krause et van Dijk 2010).
  • Afropolitisme (Mbembe et Balakrishnan 2016).
  • Convivialité (Gilroy 2007, Heil 2020).
  • Racialisation (Erel 2011).

Références bibliographiques

Beeckmans, Luce. 2019. “Migrants, Mobile Worlding and City-Making.” African Diaspora 11(1-2):87-100.
Erel, Umut. 2011. “Complex Belongings: Racialization and Migration in a Small English City.” Ethnic and Racial Studies 34(12):2048-68.
Gilroy, Paul. 2007. “Multiculture and Conviviality in Postcolonial Europe.” in The Urgency of Theory, Vol. 125-142, edited by A. n. Pinto Ribeiro. Manchester: Carcanet.
Heil, Tilmann. 2020. Comparing Conviviality. Living with Difference in Casamance and Catalonia. Basingstoke: Palgrave.
Kleinman, Julie. 2014. “Adventures in Infrastructure: Making an African Hub in Paris.” City & Society 26(3):286-307.
Krause, Kristine and Rijk van Dijk. 2010. “Hodological Care among Ghanaian Pentecostals: De-Diasporization and Belonging in Transnational Religious Networks.” Diaspora: A Journal of Transnational Studies 19(1):97-115.
Mbembe, Achille and Sarah Balakrishnan. 2016. “Pan-African Legacies, Afropolitan Futures.” Transition (120):28-37.
Mbodj-Pouye, Aïssatou. 2016. “Fixed Abodes: Urban Emplacement, Bureaucratic Requirements, and the Politics of Belonging among West African Migrants in Paris.” American Ethnologist 43(2):295-310.

 

 

Les conférences du Réseau Afroeuropéen fonctionnent par thèmes de conférences et nous prévoyons les deux options suivantes.

Vous pouvez soit soumettre un panel (avec chair et présentateur.rices) traitant d’un sujet lié à l’un des sept thèmes de la conférence, soit soumettre une proposition individuelle de communication. Pour chaque thème, les panels et les propositions qui correspondent le mieux au thème de la conférence et au thème du panel seront sélectionnés.

Les propositions individuelles sélectionnées seront regroupées dans des panels supplémentaires par le comité d’organisation de la conférence.

Les propositions doivent être soumises avant le 28 mars 2022. Le comité communiquera ses décisions avant le 30 avril.

Le programme sera disponible vers la fin du mois de mai.